
Impossible de te relever, t’en tiens une bonne ! Une énième bière, que t’as pas eue le temps de boire, se répand dans le caniveau, la bouteille roule et stoppe contre ton pied. Tu t’es vu mon gars ? De plus en plus lamentable. T’as voulu impressionner cette petite nana percinguée alors t’as vidé shot de vodka sur shot de vodka. Au début, elle se marrait, elle t’accompagnait même dans ton délire. Puis t’es devenu un peu trop collant, t’as commencé à l’agripper, à la toucher de trop près alors elle s’est barrée avec ses potes et comme tu la traitais de pute, tu t’es mangé un bourre-pif par l’un d’eux et t’as fini tout seul, là. Et le patron va encore appeler ton frère qui va appeler ton psy qui va t’appeler… enfin quand tu seras en état d’aligner deux mots. Décidément, t’y arrives plus, tu sais plus comment te comporter même avec une gamine qui joue les rebelles, toi qui as passé l’âge des gamineries. Tu souris jaune. Et pourquoi tu ferais pas le gamin, Hein ? Tu fais ce que tu veux d’abord, c’est ta peau, c’est ton chemin, ton chemin de croix. Ça te fait pouffer ça le chemin de croix… tu galères, tu galères pour le job, tu galères pour l’amour… elles se barrent toutes, elles comprennent rien, elles savent pas comment tu fonctionnes parce que tu bois trop, parce que ta peau est marbrée de dessins, parce que tu récites, entre deux verres, des bribes de poèmes, parce que tu parles de ton psy, parce que… parce que t’es un pauv’type… c’est ça, foutez le camp, laissez-moi crever dans mon caniveau… m’en fous !