Je suis une rêveuse, une grande rêveuse. Je vis par procuration. Je vis par procuration, par les chaînes de nomades et d'autonomes, par les pièces de théâtre. Je vis à travers la vie des autres, à travers les projets et les objectifs des autres, à travers leurs mouvements et leurs paroles. Je choisis ces vies 'procuratives'. Mais ma vie à moi, où est-elle ? Et c'est quoi ma vie ? Je suis qui d'abord, hormis ce prénom et ce nom qui m'ont été donnés ? Je suis qui d'abord, hormis cette naissance qui est arrivée un jour, un mois, une année, qui est arrivée par un père et par une mère, dans un milieu, dans une famille, dans un endroit ? Pourquoi, pour qui, comment ? Pourquoi, pour qui, comment ? Bah… bah… J'ai le où, j'ai le quand mais je n'ai pas le pourquoi ni le comment et le comment du pourquoi ou le pourquoi du comment. Et puis, est-ce bien nécessaire en fait de le savoir ? Et puis, est-ce bien nécessaire en fait de le savoir ? Je pense que ce qui est important, enfin à mes yeux, pour moi, c'est ce qui est là, maintenant, tout de suite, ce qui est, tout de suite, ce qui est, ce que je vois, ce que je sens, ce que j'entends, ce que je goûte, ce que je crois. Et je crois que c'est surtout ce que je crois. Ce que je crois sur moi, sur l'autre, sur la Vie. Ce que je crois sur moi, sur l'autre, sur la Vie. Alors, si je me réfère à ce que je crois, eh bien, je crois, enfin je dis bien je crois être une artiste. Je crois être une artiste. Une artiste, ah le grand mot que voici ! une artiste, ah le grand mot que voici ! artiste ! artiste ! artiste. C'est joli comme mot. Pompeux mais joli. Et puis artiste, l'art en iste. L'art en iste. En fait, c'est ça, je suis une ar en iste, je suis une ar en iste. Une arenniste je suis. Art en iste… Une arenniste je suis. Art en iste… Bon, connue seulement par moi, bon, et par quelques rares proches puis d'autres moins proches, et qui sont plus, bien plus, éloignés ou très éloignés géographiquement mais tout, tout, tout près virtuellement… mais tout, tout, tout près virtuellement… C'est vous, c'est vous, oui c'est vous à qui je montre mes productions imaginaires, mes lâchés/jetés/crachés, mes lâchés/jetés/crachés, je suis une arenniste en lâchés/jetés/crachés, je suis une arenniste en lâchés/jetés/crachés, sur du papier, sur des toiles, sur du carton. Avec des crayons, des crayons à papier, des crayons de couleurs, des crayons feutres, stylos à bille, de la peinture, des marqueurs et des collages. Et puis, il y a les mots, les jeux de mots, les associations d'idées, plus ou moins voulus, plus ou moins pensés. Un mot qui fait résonnance avec un autre, un mot qui rebondit sur un autre, un mot qui chute, un mot qui tombe, un mot qui heurte, un mot qui cogne ou qui caresse. Les souvenirs, les espoirs, les projections… La notion du temps disparaît, je suis absorbée alors par le faire et je suis dans ce faire, être et faire qui sont souvent dissociés et souvent même, opposés. Bah non, bah non, bah pas du tout, non pas du tout ! Moi je pense que je suis vraiment lorsque je fais, lorsque je fais ces créations. Moi je pense que je suis vraiment lorsque je fais, lorsque je fais ces créations. Il n'y a plus de : 'et, ou, mais, quoi, comment, pourquoi, et si, et patati et patata, bla bla bla'. Non, non, non, non, non, non ! Il y a le médium, moi et ce qu'on crée tous les deux ou alors il y a moi, le médium et ce qu'on crée tous les deux. Durant quelques gouttes de minutes. Ou une pluie de quelques heures. Je suis juste ce que j'aime faire. Je suis juste ce que j'aime faire. Je suis juste ça. Je suis juste ça. Je suis juste ça. Je suis ça. Peut-être même qu'il n'y a plus de je…