Comme vous avez apprécié la liste de mots, je renouvelle l’expérience avec ceux-ci : vacarme, coccinelle, ectoplasme, labyrinthe, pavillon, régalade, picorer, diva, focus, ritournelle.
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Quelle diva cette coccinelle, elle est élégante soit mais aucun point de vue, point ! Dans le labyrinthe de son pavillon, le focus est mis sur l’écho des mots qu’elle n’entend pas parce que pavillon elle n’a pas puisque oreilles, elle n’a pas … elle n’a pas, elle n’a pas, la ritournelle d’une coccinelle aux petites ailes qui s’ébrouent sans vacarme. Point d’oreilles mais une bouche pour picorer l’ectoplasme qui s’est aventuré de trop près. Quelle régalade pour la belle !
Pour la semaine prochaine (#19), je vous invite à faire une liste de 20 titres de chansons que vous aimez ou connaissez. Puis d’écrire un texte en intégrant ces titres! Bonne fête de lamusique!
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Je ne résiste pas à l’envie de partager mon amour pour Lucien et qui remonte à mes neuf ans, dans ma drôle de vie, enfin drôle n’est pas le vocable définissant le mieux… Bref, n’attendons pas plus, je faisais allusion à cet artiste multiple facettes, toi mon amour, comme j’aurais aimé que ce fut le cas… Les dessous chics, il en a vu plus d’un, ce grand séduit et séduisant à sa façon. La groupie du pianiste, qu’il fut à une époque, a forcément existé mais ne faisait pas le poids devant le raz-de-marée de fans qui a suivi. Jane et lui incarnaient les amants de Saint-Jean tournoyant au petit bal perdu. Je suis malade de son absence et comme les sos d’un terrien en détresse, la nuit je mens pour tromper son départ, je me mens en écoutant ses pépites et en le faisant revivre… Il jouait du piano debout, un piano fictif sur lequel courait ses doigts de peintre,lorsqu’il chantait ses émotions, son chœur americano en écho. Et le mien de cœur, explosait de joie ou de tristesse, tantôt en criant à tue-tête le chant révolutionnaire funiculi, funiculà, tantôt la mort dans l’âme comme dans les gnossiennes. Sorry angel devrait lui crier la maudite faucheuse qui l’a arraché à nous, ses adorateurs, felicità, oui bravo à toi de nous avoir joué ce sale coup… a t-il eu le temps de dire bella ciao à ses amours ? Dans toutes les langues, la javanaise, la française, la chinoise, et toutes les autres, je t’aime. À l’inverse de ce sublime morceau lyrique, e lucevan le stelle (les étoiles brillaient), une s’est éteinte…
Pour la semaine prochaine, je vous invite à écrire un texte ou un poème dans lequel le dernier mot de chaque phrase devra être le premier mot de la phrase suivante. Hâte de voir ce que cela va donner ! Au plaisir et amusez-vous bien !
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Le sablier poursuit sa course Course qui s’essouffle parfois Parfois pour reprendre de la vitesse Vitesse qui s’accélère toujours plus Plus, un jour sera le maître-mot Maître-mot ou maître-chien chacun aussi fidèle Fidèle et tout autant cruel Cruel comme dans un duel Duel ou la mort est la gagnante Gagnante et perdante les deux faces de la même pièce Pièce du jeu de la vie Vie éphémère qui semble éternelle Éternelle dans l’esprit et le cœur Cœur, trèfle, carreau et pique Pique pour faire circuler le sang Sang dessus dessous dans tous les sens Sens, on le cherche toujours.
Je vous invite à écrire un texte comportant les mots suivants: pastèque, bouillon, translucide, potion, mécanique, arbuste, oliveraie, mimétisme, pirouette, tintamarre. A vos plumes ! Et au plaisir de vous lire !
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C’était en plein mois d’août à Milan et la chaleur était suffocante. Nous avions mangé une anguria, autrement dit, une pastèque. Nous étions attablés près d’un arbuste, pas très loin de la piazza Duomo où une oliveraie avait été installée. Une nouvelle tranche, rouge translucide, a succédé à la première, nous avions l’impression que nos veines contenaient du bouillon en ébullition. À peine avalée, la sensation fraîche fondait. Et la main, qui se lève pour redemander le remède magique, faisait penser à une mécanique bien huilée. La potion anti surchauffe recommençait à soulager pour quelques secondes. Par mimétisme et nécessité, les clients voisins suivaient la danse gestuelle. Le tintamarre des couteaux tranchaient les belles et les yeux de chacun faisaient une pirouette de convoitise.
Écrire un texte à partir de cette citation: “Dire le secret d’autrui est une trahison, dire le sien est une sottise” Voltaire
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Celui d’autrui, c’est un peu ‘de quoi je me mêle’ ou ‘balaie devant ta porte’. Quant au sien, c’est ‘ferme-là’, ou ‘mieux vaut ne pas remuer la m.’ ou ‘moins on en dit mieux on se porte’. Mes paroles n’engagent que moi et si elles concernent ma vie, eh bien, je suis le seul juge après tout. En revanche, m’immiscer dans du linge sale qui ne m’appartient pas peut être plus nauséabond que le mien, déjà pas super avant lavage. La définition même du secret est ce qui n’est pas découvert alors faut-il être idiot de le déterrer, ce secret, dans ce cas, ce n’en est plus un. Et avoir un secret, ça a de la gueule non ? Je sais un truc que toi, tu ne sais pas. Excepté si c’est une boule puante qui m’empoisonne et risque de me faire imploser. Mais là encore, faut-il intoxiquer les autres avec, surtout si les vapeurs sont funestes ? Les secrets tout roses et chargés d’amour sont du nectar et des bulles a éclater pour assainir l’atmosphère et alléger les cœurs. En arroser autrui rend meilleur. Un secret. Un cret-se. Il se crée. Chut, il dort, ne réveille pas la bête qui risque de rugir et te mordre ou bien pleurer comme un bébé qui n’a pas encore eu la tétée. Des secrets, il y en a eu, il y en a et il y en aura. La Terre a le sien, les cieux aussi. Veux-tu connaître le mien ? Approche-toi… encore plus près… Non, tu ne le sauras pas, c’est un secret !
La scène de votre prochain texte se déroulera devant une boite à livres. En choisissant un livre, votre personnage découvrira à l’intérieur une lettre faisant état d’un secret. Vous décrirez brièvement l‘environnement proche et l’état d’esprit de votre personnage, avant de nous livrer le contenu de cette lettre et des émotions qu’elle fait naitre chez votre personnage. Amusez-vous bien!
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C’est d’abord sa couverture rose bonbon et jaune soleil qui m’ont donné envie de le lire. Et son synopsis présageait un bon moment de fous rires : un vieux savant fou qui cherchait par tous les moyens à donner la parole à son chien. J’ai besoin de quitter mon quotidien façon cul-de-sac. Ma tête cogite et échafaude des plans, des pseudo-projets qui s’étouffent dans l’œuf. Je suis l’asticot sorti du fruit, que la future mangeuse guette, un essuie-tout fermement calé dans la main… petit saligaud ! Déterminé à m’aérer, mes pas me conduisent vers ce joli petit parc désert à cette heure. En le quittant, une demi-heure plus tard, un peu désœuvré, j’ai regardé le petit meuble, sur le trottoir, lesté de quelques bouquins qui attendent des yeux attentifs. Et c’est là que je suis tombé sur le duo rose et jaune. Revigoré par ma trouvaille, je rentre avec elle dans ma grotte. C’est l’heure du goûter, je salive déjà à l’idée d’engloutir une tablette de chocolat, bien recroquevillé dans mon fauteuil… Je rigole bien effectivement. L’auteur a beaucoup d’humour et sait bien appuyer sur mes zygomatiques. Je tourne la vingtième page lorsqu’un bout de papier, plié en deux, tombe sur mes genoux. Il est un peu sale, grisâtre, comme bouffé aux mites. Je le déplie et je vois un magnifique dessin, le portrait d’une jeune femme, fait peut-être à l’encre de Chine. Et en dessous, ces mots griffonnés, façon pattes de mouche : C’était ma jolie sœur et c’est papa qui a dessiné. Puis, encore en dessous, écrit en plus petit et plus mal : Avant qu’il la tue. Personne le sait mais moi j’ai vu. J’en lâche le livre qui tombe sur ma tasse qui se renverse et se casse. Je cherche fébrilement un nom, une adresse, une indication pour en savoir davantage, je retourne le papier. Il n’y a rien de plus. Je viens d’apprendre un crime, comme ça, gratuitement, alors que je me bidonnais quelques secondes avant. Quand est-ce que ça s’est passé, où ça s’est passé, comment ça s’est passé, qui sont ces gens ? J’ai la nausée et le chocolat est innocent. Je me lève pour jeter les morceaux à la poubelle, je range dans le placard ce qui reste du chocolat et je referme le livre. Plus envie de continuer l’histoire du savant et son compagnon à quatre pattes. Le papier est serré dans ma paume. Je le relis à nouveau pour vérifier si je ne trouve toujours pas quelque chose, je regarde le joli dessin, elle a l’air heureux. Je déchire le papier jusqu’à ce que mes doigts ne puissent plus le faire et je reste quelques secondes, debout, au milieu de la pièce. Mon moment de bien-être vient de s’achever. Toute la soirée, je ne fais que me remémorer les mots et revoir le portrait. Je ne suis pas sûr, si je trouve à nouveau un papier dans un livre, de l’ouvrir…
Pour cette première semaine (#13), nous allons partir d’un livre que vous connaissez peut-être – Un secret de Philippe Grimbert que je vous recommande en passant – et d’une phrase, qui sera la première phrase de votre texte: « Louise m’avait permis de reconstituer l’idylle de mes parents coupables. J’avais quinze ans, je savais ce que l’on m’avait caché et à mon tour je me taisais, par amour. »
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Louise m’avait permis de reconstituer l’idylle de mes parents coupables. J’avais quinze ans, je savais ce que l’on m’avait caché et à mon tour je me taisais, par amour. Parce que je n’avais pas le droit de les juger. Et puis, entre nous, s’ils n’avaient pu s’aimer, je ne serais pas ici… Je comprenais, enfin j’essayais. C’est vrai qu’au moment où Louise a lâché le morceau, j’ai eu un haut-le-cœur. Mais après une petite digestion, je mesure mieux leur geste. Non seulement je le mesure et je compatis. Une fois, petite, j’avais demandé à papa ce qu’il avait sur la main et le bras. Pourquoi ces morceaux de peau un peu boursouflés. Il avait jeté un œil furtif à maman et elle avait répondu : il s’est brûlé en préparant un barbecue, les flammes étaient trop grandes. En grandissant, je me disais que j’avais de la chance d’avoir un papa et une maman qui s’aimaient tellement. Ils étaient toujours collés l’un à l’autre, ils faisaient tout pour se faire plaisir, par exemple, papa achetait tous les dimanches, un énorme bouquet de fleurs à maman et elle, elle lui préparait un magnifique repas avec tout ce qu’il aimait et même si c’était un plat que je n’aimais pas, elle me disait que papa l’adorait et qu’il me fallait apprendre à l’apprécier aussi. Ils partaient souvent en week-end et me laissait chez mamie, ma mamie chérie, la mère de maman, qui me faisait de super gâteaux et jouait avec moi aux petits chevaux. Je savais qu’ils m’aimaient, je n’en doutais pas une seconde mais je pense qu’ils préféraient encore plus être tous les deux. Je n’étais pas malheureuse et c’était tellement beau de les voir si amoureux. Il y a bien eu des histoires de famille, comme partout, eh bien, à chaque fois que quelqu’un s’attaquait à l’un d’eux, l’autre le défendait corps et âme. Même qu’une fois, on est parti précipitamment parce que maman était critiquée et papa n’a pas supporté, il nous a demandé d’aller dans la voiture et hop, direction maison. Je n’ai jamais entendu la moindre dispute entre eux, c’était impossible chez nous. Un jour, alors que nous venions de voir au cinéma un joli dessin animé, j’avais demandé à papa comment il avait demandé maman en mariage. Il m’a raconté qu’il l’avait emmené dans un beau château. J’avais trouvé ça romantique. La suite l’est beaucoup moins maintenant que je sais… Louise a parlé. Papa était fou amoureux de maman. Seulement ses parents n’étaient pas d’accord qu’un noble fréquente une fille d’ouvriers. Alors, ils ont interdit à papa de la revoir mais bien sûr, il n’a pas obéi. Ils se voyaient en cachette. Jusqu’au jour où ma grand-mère paternelle les a surpris s’embrassant dans une petite rue, sous un arbre. Elle a foncé sur maman, l’a giflé, papa a défendu maman en repoussant ma grand-mère. Elle a menacé mes grand-parents maternels de porter plainte contre eux, sous n’importe quel prétexte, s’ils n’envoyaient pas maman loin d’ici. Elle a même voulu leur donner de l’argent, beaucoup d’argent. Maman a tout entendu, elle s’était cachée lorsque la châtelaine est arrivée. Elle a alors tout raconté à papa. Il y a eu une terrible dispute entre papa et ses parents. Et un accident. Dans l’agitation, ma grand-mère s’est trop approchée des flammes du feu de cheminée et sa robe a pris feu. Mon père a voulu la secourir mais elle hurlait et se débattait. Mon grand-père a réussi à étouffer les flammes et il a chassé mon père. Heureusement, mes grand-parents maternels l’ont accueilli comme un fils. C’est la dernière fois qu’il a vu ses parents car sa mère s’est suicidée quelque temps plus tard et son père n’a jamais voulu le revoir. Je ne leur dirais pas ce que mamie Louise m’a raconté. Parce que je n’ai pas le droit de les juger. Je les aime.
Pour la dernière semaine sur le thème de la musique, je vous propose de la musique classique, la 9e symphonie de Beethoven – 3e mouvement. Les règles sont les suivantes: écrire un texte (pas de poésie) à la première personne du singulier. Le texte ne devra pas parler de la musique en elle-même mais de ce qu’elle évoque pour vous, ce qu’elle fait naître comme image(s) et émotion(s).
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Je suis transportée sur un matelas de douceur, doucement bercée par l’air. Je me sens légère, apaisée. Mon âme s’élève et danse au rythme des notes. Le quotidien s’éloigne, devient tout petit au bout de l’horizon. Je suis en suspension. Je suis entourée de petits Anges rieurs et joueurs. J’imagine des images de danseurs évoluant sur une piste brillante. Une valse fondante comme le plus moelleux des gâteaux. Le lever du jour au bout du jardin, avec le chat qui court après les oiseaux. Un soir de concert, où chacun s’est mis sur son trente-et-un. Le cœur battant fort, lors d’un premier rendez-vous amoureux. La joie d’une mamie en regardant ses petits-enfants s’amuser. La quiétude de jours heureux. La nostalgie aussi…
Je vous invite à écrire un texte sur cette musique – pas de paroles cette fois-ci. La scène doit se situer dans un paysage/ site URBEX.
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Cela faisait une semaine qu’elle était arrivée dans la ville. Elle s’emmerdait ferme. Les rares chiens et chats errants étaient plus nombreux que les autochtones. Elle avait l’impression d’être seule avec elle… bonjour solitude. Pourtant, en apparence, tout était vivant, neuf, luxueux même. Les commerçants ouvraient un jour sur trois, chose qu’elle ne savait pas avant d’avoir choisi le lieu. Il faut se méfier des recherches à la va-vite sur le net… Une ville fantôme en somme (sans jeu de mots). Une idée pour réveiller la populace : mettre la musique à fond, les enceintes dans le jardin. Eh bien, ô miracle, au bout de quelques minutes, les gentils riverains ont fait surface… Rassurée et voulant se faire oublier une heure ou deux, elle partit faire une petite randonnée. L’air frais et vivifiant battait les mèches sur son visage. Elle sentait la circulation sanguine s’activer et elle s’enfonçait un peu plus parmi la nature. Elle aperçut un semblant de bâtisse, à quelques mètres d’elle. Les fenêtres étaient dénudées, des pans de murs manquants, des ronces et des hautes herbes jonchaient le palier et léchaient les surfaces restées debout. Elle hésitait à entrer mais la curiosité fit les pas restants. Un regard circulaire et son imagination se mit à galoper : un terrible évènement s’est produit ici, les habitants ont fui en pleine nuit, laissant tout derrière eux ! Elle avançait doucement, avec mille précautions, prête à entendre un cri de rapaces ou un appel au secours, peut-être même voir une main surgir. La poussière recouvrait tout, des insectes avaient pris possession du bien. Une fois rentrée chez elle, elle allait regarder sur internet pour en savoir un peu plus. Qu’est-ce qu’elle était venue faire ici ? Elle doutait sérieusement de son bon sens. En rebroussant chemin, elle cogna son pied dans un meuble et un rat passa entre ses jambes. Elle hurla et courut jusqu’à se retrouver sur le chemin du retour. Quelle belle idée d’avoir déménagé sur un coup de tête pour finir sur ce coup de pied !
Les consignes sont les suivantes: écrire un texte court à partir de la chanson ci-dessous en intégrant les mots suivants: ile, falaise, transmission, trèfle, indépendance, héritage, dolmen, coutume, symbole, péninsule.
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Sur l’ile, les coutumes avaient la dent dure et la transmission bon pied bon œil. C’est d’ailleurs le seul héritage que la péninsule pouvait octroyer. Lisbeth avait beau collectionner les trèfles à quatre feuilles, elle peinait à vivre correctement, en toute indépendance. Elle devait se résigner, parfois, contre son gré, à se laisser adosser contre une falaise ou s’allonger sous un dolmen. Sa seule protection était le symbole qu’elle portait autour du cou, un fer à cheval.