Quand j'étais enfant J'avais fait un crocodile Tout en perles Jaune pour le dessous Et vert au dessus Il était en 3D C'était mon jouet Tout petit Rikiki Mais joli Et gentil Puis il a grandi Et moi aussi Et c'en fut fini Du crocodile infantile Tout distendu Et que j'ai perdu
Pour la semaine prochaine, on va recommencer léger, je vous propose d’écrire un texte à partir de cette citation de Coluche “Quand j’étais petit à la maison, le plus dur c’était la fin du mois… Surtout les trente derniers jours !”
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Oui, les trente derniers jours parce que les trente premiers, c’était parfait, ça roulait, je veux dire les pièces d’or roulaient, elle roulaient tellement qu’elles arrivaient direct dans ma tirelire cochon qui a du faire des petits du coup. Et puis, venait la catastrophe, papa partait les trente derniers jours chez sa seconde femme, et maman était au courant, et il emmenait l’argent avec lui, il laissait juste à maman de quoi acheter quelques paquets de pâtes et du beurre. J’aurais pu casser mes cochons mais j’avais un plan : quand je serai grand, j’achèterai un château à maman, elle pourra vivre comme une reine, elle aura plein de belles robes et elle sera toujours heureuse. Alors, mes cochons restaient bien cachés sous mon lit.
Ça fait trente ans que je ne suis plus petit et maman n’a pas eu son château, elle est partie au paradis, parce que c’est sûr qu’elle est là-bas, avec tout ce que mon père lui a fait, c’est une sainte. Et moi, je sais maintenant qu’il n’y a que trente jours par mois et qu’on s’est fait avoir. Comprendra qui pourra, moi-même je suis perdu dans tout ça.
On va partir d’un collage, réalisé d’après une idée proposée par Sophie du blog Du Merveilleux dans l’Ordinaire. L’atelier se passera en deux temps:
Décrire en trois mots ce que ce collage vous évoque (sans utiliser les mots qui sont présents sur la photo)
Écrire un texte (ressentis, fiction, écriture automatique, poésie…) à partir de ces mots (et de la photo si vous le souhaitez)
Consigne
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ENFANCE – INNOCENCE – FRAÎCHEUR
Cette période de l’innocence Ces moments de fraîcheur Souvenirs en évanescence Faits de joies et de pleurs Tel l’oiseau chanteur Voici la réminiscence Qui murmure aux heures En scandant la cadence Les dessins Au fusain À la main Maladroits De guinguois Les deux à la fois Tout ceci est bien révolu Je parle d’un temps qui n’est plus J’ai nommé l’enfance
J’aurais voulu être artiste J’aurais dû être artiste Ô temps de ma jeunesse Dessin du petit chaperon rouge Il faut qu’elle fasse quelque chose dans le dessin Avait dit le grand-père Si j’avais pu être mon parent M’encourager sur cette voie de mon plaisir De mon moi… Entends-tu Patricia, le dessin ! J’aurais pu aller aux beaux-arts J’aurais pu être artiste J’aurais dû être artiste.
Elle était là Sur le matelas Petite fille menue Déçue et fourbue. Les enfants sont méchants Avec les jouets d’antan Ils ont cassé sa poupée De porcelaine elle était. Elle n’ira plus jouer Avec ces farfadets.
Le Kiki a sa place. Une place de choix. Il trône dans le fauteuil, juste en face de la cheminée. La lumière arrive directement sur lui en le montrant sous toutes ses coutures. Elle l’a depuis ses trois ans. Jamais ils ne se quitteront, jamais elle ne le laissera tomber comme une vieille peluche. Ils feront le grand saut main dans la patte. Il a été de tous les chagrins et de toutes les consolations. Elle lui a parfois été infidèle mais elle revenait toujours au bercail vers son doudou préféré, implorant son pardon. Lorsqu’elle le regarde maintenant, des bouffées d’enfance remontent à sa conscience, les larmes embuent ses yeux mais le sourire l’emporte. Elle le prend encore dans ses bras pour retrouver sa douceur. Elle en côtoie beaucoup des doudous au quotidien, elle est vendeuse dans un magasin de jouets. Le Kiki n’est plus à la mode, il s’est fait piquer la place de taulier par tout un tas d’autres créatures mais il représente une nostalgie durable pour les gens de sa génération et lorsqu’elle croise le regard de celui ou celle qui s’attarde sur lui, ils savent le rôle qu’il a joué dans leurs tendres moments. Elle n’a jamais pu s’en détacher. Devenue adulte, et par essence responsable, c’est toujours vers lui qu’elle se tourne pour déverser les injustices subies directement ou indirectement par les aléas de la vie. Elle se surprend encore à lui parler et il l’écoute, inlassablement, sans broncher. Depuis quarante années. C’est son meilleur et irremplaçable compagnon de route. Foi de Kiki !