Malfaiteurs ? Non. Malfaisants ? Non. Malfaiseurs, malêtreurs. Oui. Pour vous, pour nous, pour eux. Si nous nous donnions la main, tous nuls, impuissants, pauvres d’argent et d’opportunités que nous sommes, ça ferait une gigantesque farandole ! Nous, riches d’idées et de créations, nous pourrions devenir une communauté, une collectivité de faiseurs de bien-être, dans le bien-être et pour notre bien-être. Tous nos : je suis nul, je suis incapable, je ne sais rien faire, je ne sais pas vivre, je n’y arriverai pas, que nous croyons valables que pour notre gouverne, à notre aune, deviendraient une force commune. C’est quoi une vie ? Comment devons-nous la vivre ? Existe t-il un mode d’emploi perdu ? Pourquoi, pour qui, où, quand, comment ? À chacun sa définition, à chacun ses filtres, à chacun sa tranche de vie… Plusieurs tronçons, mis bout à bout, forment le chemin entier. Où es-tu, peintre esseulé, sans confiance, sans galerie, sans présent ni avenir ? Où es-tu, auteur sans lecteurs qui arrache tes écrits anonymes ? Où êtes-vous, faiseurs de tout médium et de toute texture qui végétez dans la médiocrité ? Où suis-je dans le dédale cannibal de l’échec ? Reconnaissons-nous, réunissons-nous, créons-nous par nos faire durs comme fer, et sans nous taire, nos mains façonnent les poumons de la Terre.
Je suis une rêveuse, une grande rêveuse. Je vis par procuration. Je vis par procuration, par les chaînes de nomades et d'autonomes, par les pièces de théâtre. Je vis à travers la vie des autres, à travers les projets et les objectifs des autres, à travers leurs mouvements et leurs paroles. Je choisis ces vies 'procuratives'. Mais ma vie à moi, où est-elle ? Et c'est quoi ma vie ? Je suis qui d'abord, hormis ce prénom et ce nom qui m'ont été donnés ? Je suis qui d'abord, hormis cette naissance qui est arrivée un jour, un mois, une année, qui est arrivée par un père et par une mère, dans un milieu, dans une famille, dans un endroit ? Pourquoi, pour qui, comment ? Pourquoi, pour qui, comment ? Bah… bah… J'ai le où, j'ai le quand mais je n'ai pas le pourquoi ni le comment et le comment du pourquoi ou le pourquoi du comment. Et puis, est-ce bien nécessaire en fait de le savoir ? Et puis, est-ce bien nécessaire en fait de le savoir ? Je pense que ce qui est important, enfin à mes yeux, pour moi, c'est ce qui est là, maintenant, tout de suite, ce qui est, tout de suite, ce qui est, ce que je vois, ce que je sens, ce que j'entends, ce que je goûte, ce que je crois. Et je crois que c'est surtout ce que je crois. Ce que je crois sur moi, sur l'autre, sur la Vie. Ce que je crois sur moi, sur l'autre, sur la Vie. Alors, si je me réfère à ce que je crois, eh bien, je crois, enfin je dis bien je crois être une artiste. Je crois être une artiste. Une artiste, ah le grand mot que voici ! une artiste, ah le grand mot que voici ! artiste ! artiste ! artiste. C'est joli comme mot. Pompeux mais joli. Et puis artiste, l'art en iste. L'art en iste. En fait, c'est ça, je suis une ar en iste, je suis une ar en iste. Une arenniste je suis. Art en iste… Une arenniste je suis. Art en iste… Bon, connue seulement par moi, bon, et par quelques rares proches puis d'autres moins proches, et qui sont plus, bien plus, éloignés ou très éloignés géographiquement mais tout, tout, tout près virtuellement… mais tout, tout, tout près virtuellement… C'est vous, c'est vous, oui c'est vous à qui je montre mes productions imaginaires, mes lâchés/jetés/crachés, mes lâchés/jetés/crachés, je suis une arenniste en lâchés/jetés/crachés, je suis une arenniste en lâchés/jetés/crachés, sur du papier, sur des toiles, sur du carton. Avec des crayons, des crayons à papier, des crayons de couleurs, des crayons feutres, stylos à bille, de la peinture, des marqueurs et des collages. Et puis, il y a les mots, les jeux de mots, les associations d'idées, plus ou moins voulus, plus ou moins pensés. Un mot qui fait résonnance avec un autre, un mot qui rebondit sur un autre, un mot qui chute, un mot qui tombe, un mot qui heurte, un mot qui cogne ou qui caresse. Les souvenirs, les espoirs, les projections… La notion du temps disparaît, je suis absorbée alors par le faire et je suis dans ce faire, être et faire qui sont souvent dissociés et souvent même, opposés. Bah non, bah non, bah pas du tout, non pas du tout ! Moi je pense que je suis vraiment lorsque je fais, lorsque je fais ces créations. Moi je pense que je suis vraiment lorsque je fais, lorsque je fais ces créations. Il n'y a plus de : 'et, ou, mais, quoi, comment, pourquoi, et si, et patati et patata, bla bla bla'. Non, non, non, non, non, non ! Il y a le médium, moi et ce qu'on crée tous les deux ou alors il y a moi, le médium et ce qu'on crée tous les deux. Durant quelques gouttes de minutes. Ou une pluie de quelques heures. Je suis juste ce que j'aime faire. Je suis juste ce que j'aime faire. Je suis juste ça. Je suis juste ça. Je suis juste ça. Je suis ça. Peut-être même qu'il n'y a plus de je…
– T’as vu Manon comme ces fleurs sont jolies, je cueillerais bien un bouquet pour ma mère. – Bah tu sais que t’as pas le droit, c’est un site protégé comme on dit. – T’as qu’à faire le guet. Tiens, si quelqu’un arrive, tu tousses fort OK ? – Ça va pas non, j’ai pas envie de me faire engueuler moi ! – Quelle froussarde j’te jure ! C’est l’anni de ma mère demain et j’ai pas de sous pour lui acheter un truc, allez, sois sympa ! – Non que j’te dis ! – OK, alors prête-moi cinq euros, j’irai chez fourfouille. – J’ai pas d’argent moi non plus… attends, j’ai une idée, fais-lui un dessin avec ton imagination, ça c’est cool ! – Je sais pas dessiner d’abord et puis j’ai pas très envie, ça prend du temps. – Moi, c’est c’que je f’rai quand ça s’ra l’anni de la mienne et c’est la semaine prochaine. Fais de l’abstrait, t’as pas besoin de connaître le dessin. – Ah oui, comme les trucs loufoques qu’on voit à la télé… l’art qu’ils disent. Elles éclatent de rire et Carla cherche du papier et un crayon dans ses poches. Des garçons de leur âge arrivent par l’allée située derrière elles. Manon sent une présence et se retourne. Elle fait volte-face vivement en faisant un signe de croix et chuchote à Carla : – Oh là là, te retourne pas hein mais y a Kévin qui arrive, j’ai tellement peur qu’il me voit ! – Pourquoi ? – Parce que… parce que je lui ai piqué vingt euros hier dans son blouson pour ach’ter un cadeau à ma mère et j’crois qu’il m’a vu… Carla la regarde, stupéfaite et choquée. Elle se lève et fonce sur les fleurs en les arrachant presque toutes puis elle part en courant.
Une note de musique c'est fantastique et c'est magique Et plusieurs notes ça dépote Quand c'est complet sur les portées Et que toutes les clés sont nées Dans les couplets fredonnés On rajoute le refrain et c'est carton plein La chanson quels que soient la façon et le ton Donne des frissons et le ronron aux chatons Elle fait sourire par ses dires Et elle fait rire par son délire Dans un album en bubble gum Chanté par l'homme sorti d'un somme Et sans le sum il donne son maximum Hum Hum Hum Il est au summum du delirium Une chanson c'est fantastique et c'est magique La La La La La La La La La La La La La La Une chanson c'est fantastique et c'est magique La La La La La La La La La La La La La La !
Un concert de gosiers volants Qui ne manquent pas d'air Suspendus en l'air Les chanteurs piaillant En chœur et avec cœur De bon matin avec entrain Parlent à notre âme sœur C'est un grand festin Pour nous humains Enfin si l'on aime bien Ces petits bruits Les doux cuicuis Les gazouillis Allez, encore un couplet !
Quand j'étais enfant J'avais fait un crocodile Tout en perles Jaune pour le dessous Et vert au dessus Il était en 3D C'était mon jouet Tout petit Rikiki Mais joli Et gentil Puis il a grandi Et moi aussi Et c'en fut fini Du crocodile infantile Tout distendu Et que j'ai perdu
Le bleu du ciel Le blanc des nuages Le jaune du soleil Le vert du feuillage Le rose des joues L'orange des fruits Le gris de la vie Avec plus ou moins De nuances blanches Et de nuances noires Le rouge des sentiments Le violet du mystère La palette se décline En voilettes fines
Près de la rivière Un petit sentier Qui sent l'herbe fraîche Et les pommes tombées Le soleil brille Les sourires aussi C'est un beau dimanche Qui va se finir La douceur de vivre De tels instants Est à l'infini L'ivresse des sens
Un peu de rouge Un peu de jaune Et l'orange naît Un peu de rouge Un peu de bleu Et le violet apparaît Le noir encadre la toile Le blanc entoure le vent La scène se forme Peu à peu Au bout du pinceau L'histoire prend forme De plus en plus Au bout du couteau Les taches et les traits Se lient et se délient Ils déforment le lit Avec tous ses plis Le peintre s'exprime Les couleurs sont ses mots
"Maman raconte-moi une histoire !" "Encore ?" "Allez, c'est la dernière." Il était une fois Une jolie princesse Véritable déesse Adulée sans cesse Partie dans les bois Une biche aux abois Car une vieille sorcière Une méchante mégère Jalouse de sa beauté Voulait la tuer Fort heureusement Grâce aux nains malins Qui l'ont défendu Elle n'a pas pu Car ils la sauvèrent Des griffes de l'enfer Maman a fini De lire le récit Son petit bonhomme Fait déjà un somme La moralité Qu'on peut en tirer Est que la bonté A pu triompher