P’tit gars !

Challenge écriture 19

Challenge d'écriture proposé par Marie Kléber.
Challenge d’écriture proposé par Marie Kléber.

Pour la semaine prochaine (#19), je vous invite à faire une liste de 20 titres de chansons que vous aimez ou connaissez. Puis d’écrire un texte en intégrant ces titres! Bonne fête de la musique!

*

Je ne résiste pas à l’envie de partager mon amour pour Lucien et qui remonte à mes neuf ans, dans ma drôle de vie, enfin drôle n’est pas le vocable définissant le mieux… Bref, n’attendons pas plus, je faisais allusion à cet artiste multiple facettes, toi mon amour, comme j’aurais aimé que ce fut le cas… Les dessous chics, il en a vu plus d’un, ce grand séduit et séduisant à sa façon. La groupie du pianiste, qu’il fut à une époque, a forcément existé mais ne faisait pas le poids devant le raz-de-marée de fans qui a suivi. Jane et lui incarnaient les amants de Saint-Jean tournoyant au petit bal perdu. Je suis malade de son absence et comme les sos d’un terrien en détresse, la nuit je mens pour tromper son départ, je me mens en écoutant ses pépites et en le faisant revivre… Il jouait du piano debout, un piano fictif sur lequel courait ses doigts de peintre,lorsqu’il chantait ses émotions, son chœur americano en écho. Et le mien de cœur, explosait de joie ou de tristesse, tantôt en criant à tue-tête le chant révolutionnaire funiculi, funiculà, tantôt la mort dans l’âme comme dans les gnossiennes. Sorry angel devrait lui crier la maudite faucheuse qui l’a arraché à nous, ses adorateurs, felicità, oui bravo à toi de nous avoir joué ce sale coup… a t-il eu le temps de dire bella ciao à ses amours ? Dans toutes les langues, la javanaise, la française, la chinoise, et toutes les autres, je t’aime. À l’inverse de ce sublime morceau lyrique, e lucevan le stelle (les étoiles brillaient), une s’est éteinte…

Carte

La carte du mort, dans le jeu de tarot

Je tire une carte : la mort inversée : refus de lâcher prise et peur d’avancer…
C’est ce que je ressens et ce que je vis.
Je stagne parce que j’ai peur et malgré l’Emdr, l’Eft, la méditation, mon raisonnement, j’ai peur. Je me terre, tel un lapin dans sa rabouillère. Je reste dans ma bulle avec mes crayons et mes stylos. Je sors pour le ravitaillement nourriture et je reviens dans mon refuge. Là, je dessine, j’écris, je ris, je respecte mon horloge biologique (enfin, je crois).
Dès que je pense à l’extérieur, au travail, aux gens, un malaise survient, une gêne physique, des sensations désagréables.

Et vous, utilisez-vous le tarot ?
Refusez-vous de lâcher prise ?
Avez-vous peur d’avancer ?

Ange

Portrait au stylo
Portrait au stylo

Ange, depuis ses quinze ans, sait qu’il est né pour apporter de la lumière dans le cœur des gens qui sont mis sur sa route. Cela commence donc, tout logiquement, par les membres de sa famille. Dès qu’un ennui, une contrariété apparaît, un chagrin ou une colère qui assombrissent l’âme, il trouve immédiatement une solution. La solution. Il ne sait pas comment ni pourquoi mais c’est ainsi, il est fait comme ça. Il est fait pour ça.
Par exemple, un jour que sa mère était fâchée contre lui à cause de ses vêtements tout sales car il avait joué dans les flaques de boue pour faire rire son petit frère, il s’était concentré si fort que, quelques secondes plus tard, sa mère l’avait pris dans ses bras et lui avait fait un gros bisou sur chaque joue.
Puis une autre fois, c’est son père qui se disputait avec les voisins pour une histoire de haie mal taillée qui empiétait sur leur garage. Ces derniers menaçaient de faire intervenir les forces de l’ordre. Ange avait alors envoyé des pensées d’amour vers eux. En à peine une minute, ils invitaient ses parents à venir prendre l’apéritif le soir même.
Ou encore, la maladie de sa tante, la sœur de son père. Elle était diagnostiquée en sursis pour quelques mois. Chaque soir, l’adolescent se connectait sur les cellules saines de son corps pour combattre les cellules malades et les éradiquer. Au bout d’un mois, les analyses montraient une guérison quasi complète.
Quelques années plus tard, lorsqu’il y avait des tensions au travail, entre collègues ou avec le patron, Ange s’isolait pour faire des incantations et, quelques minutes après, tout était réglé.
Les personnes n’avaient pas conscience de son don. On ne savait pas quel pouvoir était entre ses mains.
Il avait aussi testé avec sa femme, et cela fonctionnait merveilleusement. Leur couple était harmonieux, équilibré.
Jusqu’à ce jour funeste. Ce jour où il a rencontré, dans un bal, un jeune sapeur pompier. Il venait faire la quête pour sa paroisse. Dès qu’il s’est approché de leur table, Ange a senti l’aura démoniaque de l’autre. Puis il a surpris sa femme qui le regardait avec admiration, avec convoitise même. Ange a alors senti la rage l’envahir. Une rage indescriptible. Et c’était tellement nouveau et inconnu que c’en était d’autant plus ravageur.
Il a touché le bras du pompier et une décharge électrique l’a agressé. Il s’est tourné vers sa femme qui souriait à l’autre en lui faisant ses yeux de biche. Et le pompier semblait charmé et ne la lâchait pas du regard.
Ange s’est levé et a sauté sur le pompier, en serrant son cou de toutes ses forces. La rapidité de l’événement semblait tétaniser les spectateurs. Seule, sa femme s’est suspendue à lui en le suppliant d’arrêter. Mais Ange serrait, serrait toujours plus fort, toujours plus vite. Et le sapeur s’est écroulé à ses pieds, comme un pantin désarticulé.
Ange fixait ses mains, l’air hébété. Sa femme hurlait en courant vers d’autres.
On a plaqué Ange, à plat ventre, par terre. Il ne pouvait pas bouger. De toute façon, il ne pouvait plus faire aucun geste. Il répétait en boucle, dans un murmure : ‘ je faisais le bien, je faisais le bien’. Puis, dans un soubresaut, il a fini de respirer.

Une existence

Le mouvement de la vie
Dessin photoshopé

Ma vie se déroule
Tant bien que mal
Le temps s’écoule
D’amont en aval.
Ici et là
Des soucis des tracas
Des envies des ébats
Qui fait partie du jeu ?
Ce je
Qui parfois me trouble.
Au départ un cri
Comme un phare éblouit
Entrée en fanfare
Aimé dare-dare
Le petit grandit
Et quitte le nid.
S’ensuit sa vie
Qui un jour se finit
Vivre et mourir
Un duo sans quiproquo.

Les jours se suivent…

Dessin au stylo 
Les jours se suivent...
Dessin au stylo

Il pleut dehors et, dedans, la maison est une passoire. Mon mari pensait pourtant avoir fait une bonne affaire. Nous sommes installés depuis un mois seulement dans ce patelin paumé.
Mon mari et moi sommes respectivement peintre et écrivain, il fait des gribouillis abstraits qui se vendent assez bien et mes bouquins, sans être des best-sellers, plaisent aussi. Notre vie est somme toute agréable hormis cette mauvaise acquisition immobilière. Nous avons deux adolescents plutôt sympathiques qui, sans faire trop d’efforts, arrivent à se maintenir à un niveau scolaire correct. Ces quelques lignes pour planter le décor. Donc, à première vue, notre vie se déroule sous de bons auspices. Jusqu’à ce jour fatidique

C’est arrivé un matin très tôt dans notre existence. C’est incroyable comme quelques mots peuvent changer le cours des choses. Un simple papier blanc format A5 : vous avez sept jours pour quitter les lieux.
Nous nous sommes concertés en famille, nous sommes allés au commissariat le jour même. La journée s’est passée dans l’inquiétude.

Vous avez six jours pour quitter les lieux fut la nouvelle missive dans la boîte aux lettres. Nous sommes retournés au commissariat qui, après inspection auprès du service postal, n’a rien découvert. Effervescence dans nos esprits, enquête de voisinage mais aucune information.

Le troisième jour, j’attends de pied ferme le facteur. Lorsqu’il apparaît, je sors pour vérifier le courrier qu’il apporte mais pas de lettre.

Le quatrième jour, je fais de même et toujours rien. J’en déduis que c’était une mauvaise plaisanterie et j’estime que l’affaire est close.

Le lendemain, j’ai rendez-vous chez mon éditeur pour mon prochain livre. J’emmène mes enfants à l’école avant de partir pour Paris en leur disant que ma mère viendra les chercher à midi. De son côté, mon mari s’est absenté trois jours pour une exposition picturale à Madrid.
À treize heures, je reçois un appel de ma fille aînée : maman, il y a une lettre qui dit qu’il nous reste trois jours pour partir de la maison. Je quitte Paris et je retourne au commissariat. L’accueil est assez décevant, tout ceci leur paraît n’être qu’une farce.
Si j’en crois l’écrit, après trois jours, qu’adviendra-t-il ? je ne peux pas déménager tous les effets en si peu de temps et je ne dois pas succomber à la terreur mais j’ai peur bien entendu. J’ai très peur. Je prends contact avec mon mari et après une heure de discussion, il m’a convaincu de partir. Je le supplie de revenir mais une commande importante le retient en Espagne.
Je pars, avec mes enfants, chez mes parents qui habitent un village proche. J’ai aussi fait venir des déménageurs pour mettre à l’abri un maximum de nos biens.

Le second jour, je rode autour de ma maison mais aucun signe de changement. Bien qu’étant fébrile, j’ouvre la boîte aux lettres et au fond brille un morceau clair : plus que deux jours.
Je retourne vite vers ma voiture et je démarre. Je n’ai pu dormir de la nuit.

Le lendemain, je reçois un appel de la société de déménagement pour m’avertir qu’un des employés a oublié des affaires personnelles et qu’il doit revenir au plus vite les chercher. Nous fixons un rendez-vous sur place.
La peur au ventre, j’ouvre la boîte aux lettres et sous plusieurs prospectus, une feuille avec la phrase : c’est le dernier jour.
Cette nuit-là, n’y tenant plus, j’appelle chez moi. Après plusieurs sonneries, comme j’allais raccrocher, un déclic se fait à l’autre bout. Mon cœur bondit en synchrone.
Qui êtes-vous ? demandai-je, le souffle court.
C’est ma maison, vous me l’avez volé !
Mais non, je suis chez moi ! Qui êtes-vous ?
C’est ma maison, elle est à moi ! et l’homme raccroche.
J’appelle de suite la police qui envoie une voiture là-bas. Je laisse un message sur le portable de mon mari.
Une heure après, le commissariat me rappelle. Personne n’a été trouvé malgré une recherche approfondie des parages et de la maison. Seule la porte du garage a été fracturée.

Le jour dit, je me réveille très tôt, avec cette histoire à l’esprit : c’est aujourd’hui !
J’appelle toutes les heures le commissariat. Au bout de la troisième fois, on me répond : ne vous inquiétez pas, des hommes sont sur place, nous vous tiendrons informée.
Mon mari me prévient qu’il rentrera demain. À vingt-deux heures, le commissariat me contacte. Toujours rien à signaler.

Le lendemain midi, des policiers arrivent chez mes parents pour m’annoncer la mort de mon mari. Un passant l’a vu ce matin garer sa voiture dans le jardin et se faire attaquer par un homme. Une enquête est ouverte.

Quelques jours plus tard, les policiers reviennent. ils ont arrêté le meurtrier. L’ancien propriétaire de notre maison, saisie pour endettement.

Hommage à Tominou

Dessin que j'ai fait au crayon
Pot de fleur pour hommage
Dessin au crayon

Il avait les quatre fers en l’air, sur le sol de sa cage. Après l’avoir touché et vérifié s’il vivait, je m’étais rendue à l’évidence : Tominou avait rendu l’âme.
Je ne me sentais pas de le jeter à la poubelle, comme un vulgaire mouchoir en papier. Il était avec nous depuis plusieurs mois et même si nous n’avions pas de longues conversations philosophiques, je considérais ce petit.
J’avais de la peine et je décidais de lui faire un cérémonial obséquieux. En faisant une prière pour l’accompagner ‘de l’autre côté’, j’ai préparé un pot de fleurs que j’ai rempli de terre puis j’y ai installé Tominou après l’avoir emmailloté dans un linceul kleenex. Et je l’ai recouvert de terre.
Il a tout de même fini dans la poubelle mais avec respect.
Tominou… qui ne tournait plus dans sa roue… de hamster.