Je tire une carte : la mort inversée : refus de lâcher prise et peur d’avancer… C’est ce que je ressens et ce que je vis. Je stagne parce que j’ai peur et malgré l’Emdr, l’Eft, la méditation, mon raisonnement, j’ai peur. Je me terre, tel un lapin dans sa rabouillère. Je reste dans ma bulle avec mes crayons et mes stylos. Je sors pour le ravitaillement nourriture et je reviens dans mon refuge. Là, je dessine, j’écris, je ris, je respecte mon horloge biologique (enfin, je crois). Dès que je pense à l’extérieur, au travail, aux gens, un malaise survient, une gêne physique, des sensations désagréables.
Et vous, utilisez-vous le tarot ? Refusez-vous de lâcher prise ? Avez-vous peur d’avancer ?
Serait-ce une attaque Qu’on appelle panique Ce qui s’est passé Durant cette nuit agitée ? L’impression de manquer d’air Obligée de faire un bond Mettre les pieds sur terre Quelle histoire dis-donc ! La sensation que le cœur ne bat plus Que le pouls ne se sent plus Se regarder dans le miroir Se croire choir Faire des mouvements de bras Bouger avec quelques pas La raison flanchait La peur gagnait Voir les heures avancer Et la folie continuer S’endormir une première fois Se réveiller encore en émoi Attraper son téléphone Pour chercher sur internet Les conseils qu’on donne Pour faire place nette Serait-ce la pleine Lune ? Aucune Se réveiller tard Mais se réveiller Ne pas succomber À cet état plombé Tout va bien ou presque Un nouveau jour Sur cette fresque Un autre tour Peu importe ce qui s’est passé C’est du passé Plus d’épouvante Je suis vivante
Pour mardi prochain, je vous invite à écrire un texte à partir de TOUS les éléments suivants.
Choisir une couleur: gris, jaune, rouge, cyan, vert et orange
Choisir une émotion: joie, peur, tristesse, surprise, colère
Choisir un des quatre éléments: air, eau, feu, terre
Choisir un objet de votre quotidien.
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On se connaît bien toutes les deux n’est-ce pas ? Tu as beau changer de visage quand ça te chante, je ne suis pas dupe, c’est toujours toi qui me colles aux basques. Mais je n’ai pas dit mon dernier mot… « J’s’rais contente d’avoir ta peau, vieille canaille, je finirai bien par te descendre », comme disait ce cher Gainsbourg. Oui, oui, tu peux rigoler, un jour, je t’aurai ! Toi, la peur. Satanée bestiole putride et hideuse que j’aimerais pouvoir écraser en sautant des deux pieds avec hargne ! Te faire pisser le sang par tous les pores… je doute qu’il soit d’un beau rouge… Vas-tu me lâcher enfin ? Te tordre le cou, Te faire la peau, te piétiner encore et encore, te jeter contre un rocher et que tu t’écrases dans l’eau pour te perdre à tout jamais ! Écrire ton maudit nom des centaines de fois dans mon cahier n’exorcise pas l’emprise que tu as sur moi. Mais qu’est-ce que je t’ai fait bon sang ? Vas-tu t’évanouir comme un mauvais songe ? Je ne veux pas être ton amie, n’as-tu pas encore compris ça ? Tu es mon ennemie. Je l’ai bien compris. Bon, je te propose quelque chose. Attends avant de dire non, écoute au moins ce que j’ai à te dire ! Essayons, tu pourrais disparaître quelque temps et puis si tu t’ennuies de moi, tu reviens… non, je déconne, ne reviens pas, dégage une bonne fois pour toutes ! pause on fait mais une pause définitive. Moi vouloir rayer toi de ma vie ! Allez, dis-moi oui. Tiens, ça me rappelle une chanson des Rita Mitsouko… Fais-moi confiance. N’aie pas peur…
Elle n’arrive pas à ouvrir la porte du sauna. Elle a beau tirer, pousser, donner des coups d’épaule, elle reste imperturbablement close. Elle crie plusieurs fois, en s’excitant sur la poignée : je suis enfermée, s’il vous plaît, vous m’entendez ? et elle a fini par hurler jusqu’à l’extrémité de l’expiration. Ça lui donne encore plus chaud, ça fait décrocher son cœur. Alors, elle s’arrête après cinq ou six tentatives. Elle panique et ça lui donne toujours plus chaud. Ce chaud qu’elle attendait tant pour relaxer ses membres endoloris… maintenant, elle suffoque, elle respire plus fort et plus profondément pour aller chercher le souffle qui crante et fait des ratés. La chaleur extérieure de sa peau brûle à l’intérieur et la consume. Les pensées quittent sa conscience. Ses organes bougent, ils se cognent, se coincent et se tordent. Elle est envahie par une quinte irritante, sèche, nerveuse qui met de l’huile sur sa brûlure. Elle gratte sa gorge à grands coups d’ongles qui griffent sa peau déjà au supplice. Elle sent la chaleur qui est en train de gagner du terrain autour d’elle. Comme un manteau qu’on poserait, elle avance sur elle, elle la piétine, elle la vampirise. Son corps tourne sur lui-même à la recherche d’une fenêtre, d’un trou, d’une fente. Ses yeux font des cercles et se révulsent. Elle se sent au bord de l’évanouissement. Elle va mourir, elle est sûre qu’elle va mourir. Il faut qu’elle arrête de s’agiter mais elle ne peut pas s’asseoir et attendre la grande faucheuse. Non, elle ne veut pas finir ici. Elle se rue sur la porte, elle tape dedans à grands coups de pied, à grands coups de poing, elle puise toutes les forces qu’elle a au creux du ventre et, avec ses tripes, elle se remet à hurler : au secours, je suis enfermée, venez je vous en prie, au secours ! Elle glisse contre la porte, elle s’écroule en larmes. Sa peau ruisselle, ses tempes vrombissent, les veines de ses mains sont gonflées, rouges, tellement rouges qu’elles semblent prêtes à exploser. Elle se sent fatiguée. Si fatiguée. Un instant, elle songe à la fraîcheur du dehors et elle pleure encore plus. Elle ferme les yeux et murmure : s’il vous plaît, je vous en supplie, venez m’ouvrir la porte, venez. Elle halète, elle essaie de se calmer, de se dire que c’est impossible que personne ne vienne la sauver. Elle essaie même d’imaginer qu’il fait froid mais la chaleur est insupportable à tel point qu’elle perçoit son sang, peu à peu, devenir gazeux. Elle est en surchauffe et elle sait que d’un moment à l’autre, le processus ira jusqu’au bout… Dans un sursaut, peut-être le dernier, elle bondit sur ses pieds, elle tape, elle tape, encore et encore, avec les mains, avec les poings, avec les pieds, elle se fracasse entièrement contre la porte, sa voix diminue au fur et à mesure des appels pour conclure sur un long gémissement presque inaudible. Elle ne sait pas pendant combien de temps elle s’est battue contre l’évidence avant de s’écrouler…
Oh madame, madame, pardon, j’étais persuadée qu’il n’y avait personne ! Pardon ! ça va, dites-moi, ça va ? madame ? Elle aurait pu sentir qu’on lui parlait, qu’on lui touchait le bras, qu’on la secouait, qu’on lui donnait même des tapes sur les joues. Elle aurait pu si elle vivait encore.
Allo, Win ? on fait un truc ce soir ? j’ai pas envie que les mômes viennent me saouler en me taxant des bonbons… d’ailleurs, j’en ai pas et je vais pas en acheter pour ces morveux. Bon, tu veux sortir alors ce soir ? — Oh bah tiens, bonne idée, j’ai pas de bonbons non plus… — Ok… on dit 19h00 à la brasserie en bas de chez toi ? — D’accord ! À toute !
— Allo Win ? je serai un peu en retard parce qu’il faut que j’emmène Nathalie chez ses parents, elle veut pas prendre les transports.
— Oui, bah comme d’hab… elle est chiante ta nana ! Bon, t’auras combien de retard ?
— Je préfère te dire une heure, 20h00 ça ira ?
— Bien obligé de toute façon.
— Allo Win ? Ma voiture ne démarre plus, je la laisse à mon beau-père qui va regarder ça, j’attrape le premier train, compte plutôt 20h30 du coup.
— Allo Win ? un voyageur a fait un malaise, le train est bloqué… — Bon, tu sais quoi ? laisse tomber, j’ai plus envie de sortir. — Oh bah si, moi j’ai envie. Je suis désolé, j’y peux rien, c’est la poisse… — Non, c’est Halloween. Bon, dis-moi quand tu es dans le coin, ça sera plus simple, ok ?
— Win, je suis en bas de chez toi, tu descends ?
— Monte cinq minutes, j’ai un truc à te montrer. ~~
L’autre trouve la porte entrouverte. Un peu interloqué, il la pousse doucement. La pièce est dans le noir.
— Win ?
Pas de réponse. La lumière du couloir de l’étage s’est éteinte. Il avance à tâtons.
— Bah Win, c’est quoi ce bordel ? T’es où ?
Il sent un petit objet entre ses côtes. Il se raidit et se sent défaillir. C’est alors qu’une voix caverneuse psalmodie ces mots : des bonbons ou la vie !
L’autre, le coeur battant, semble chercher dans les tréfonds de son cerveau ce qu’il se passe. Tout à coup, on lui met deux mains sur chacune de ses épaules qui le forcent à se retourner vers son agresseur. Et là… là, il fait face à un homme habillé de noir, des pieds à la tête, un masque sur le visage. Un masque en plastique. En forme de citrouille. Et dans un rire satanique qui le fait sursauter et le fait bondir en arrière, l’homme soulève le masque.
L’autre lève les yeux au ciel et dans un souffle, murmure : oh mon dieu !
Puis il se rue sur l’homme :
— Quel con ! mais quel con ! ça va pas de me faire un truc pareil, hein ? espèce de malade… oh mon coeur, mon coeur, j’ai cru… pov’ con !
Win se marre de plus en plus en protégeant son visage avec ses bras car il reçoit des petites gifles.
— Tu avais tellement l’air d’adorer Halloween au téléphone que ça m’a donné une vache d’idée !
— C’est pas drôle mais pas drôle du tout…
— Allez, c’est bon, arrête de gueuler, je t’achèterai des bonbons.