Tranche de chaleur

Challenge écriture 17

Challenge d'écriture proposé par Marie Kléber.
Challenge d’écriture proposé par Marie Kléber.

Je vous invite à écrire un texte comportant les mots suivants: pastèque, bouillon, translucide, potion, mécanique, arbuste, oliveraie, mimétisme, pirouette, tintamarre. A vos plumes ! Et au plaisir de vous lire !

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C’était en plein mois d’août à Milan et la chaleur était suffocante. Nous avions mangé une anguria, autrement dit, une pastèque. Nous étions attablés près d’un arbuste, pas très loin de la piazza Duomo où une oliveraie avait été installée. Une nouvelle tranche, rouge translucide, a succédé à la première, nous avions l’impression que nos veines contenaient du bouillon en ébullition. À peine avalée, la sensation fraîche fondait. Et la main, qui se lève pour redemander le remède magique, faisait penser à une mécanique bien huilée. La potion anti surchauffe recommençait à soulager pour quelques secondes. Par mimétisme et nécessité, les clients voisins suivaient la danse gestuelle. Le tintamarre des couteaux tranchaient les belles et les yeux de chacun faisaient une pirouette de convoitise.

Chut !

Challenge écriture 16

Challenge d'écriture proposé par Marie Kléber.
Challenge d’écriture proposé par Marie Kléber.

Écrire un texte à partir de cette citation: “Dire le secret d’autrui est une trahison, dire le sien est une sottise” Voltaire

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Celui d’autrui, c’est un peu ‘de quoi je me mêle’ ou ‘balaie devant ta porte’. Quant au sien, c’est ‘ferme-là’, ou ‘mieux vaut ne pas remuer la m.’ ou ‘moins on en dit mieux on se porte’.
Mes paroles n’engagent que moi et si elles concernent ma vie, eh bien, je suis le seul juge après tout. En revanche, m’immiscer dans du linge sale qui ne m’appartient pas peut être plus nauséabond que le mien, déjà pas super avant lavage.
La définition même du secret est ce qui n’est pas découvert alors faut-il être idiot de le déterrer, ce secret, dans ce cas, ce n’en est plus un. Et avoir un secret, ça a de la gueule non ? Je sais un truc que toi, tu ne sais pas. Excepté si c’est une boule puante qui m’empoisonne et risque de me faire imploser. Mais là encore, faut-il intoxiquer les autres avec, surtout si les vapeurs sont funestes ?
Les secrets tout roses et chargés d’amour sont du nectar et des bulles a éclater pour assainir l’atmosphère et alléger les cœurs. En arroser autrui rend meilleur.
Un secret. Un cret-se. Il se crée. Chut, il dort, ne réveille pas la bête qui risque de rugir et te mordre ou bien pleurer comme un bébé qui n’a pas encore eu la tétée.
Des secrets, il y en a eu, il y en a et il y en aura. La Terre a le sien, les cieux aussi.
Veux-tu connaître le mien ? Approche-toi… encore plus près… Non, tu ne le sauras pas, c’est un secret !

Les mots du portrait

Challenge écriture 14

Challenge d'écriture proposé par Marie Kléber.
Challenge d’écriture proposé par Marie Kléber.

La scène de votre prochain texte se déroulera devant une boite à livres. En choisissant un livre, votre personnage découvrira à l’intérieur une lettre faisant état d’un secret. Vous décrirez brièvement l‘environnement proche et l’état d’esprit de votre personnage, avant de nous livrer le contenu de cette lettre et des émotions qu’elle fait naitre chez votre personnage. Amusez-vous bien!

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C’est d’abord sa couverture rose bonbon et jaune soleil qui m’ont donné envie de le lire. Et son synopsis présageait un bon moment de fous rires : un vieux savant fou qui cherchait par tous les moyens à donner la parole à son chien. J’ai besoin de quitter mon quotidien façon cul-de-sac. Ma tête cogite et échafaude des plans, des pseudo-projets qui s’étouffent dans l’œuf. Je suis l’asticot sorti du fruit, que la future mangeuse guette, un essuie-tout fermement calé dans la main… petit saligaud ! Déterminé à m’aérer, mes pas me conduisent vers ce joli petit parc désert à cette heure. En le quittant, une demi-heure plus tard, un peu désœuvré, j’ai regardé le petit meuble, sur le trottoir, lesté de quelques bouquins qui attendent des yeux attentifs. Et c’est là que je suis tombé sur le duo rose et jaune. Revigoré par ma trouvaille, je rentre avec elle dans ma grotte. C’est l’heure du goûter, je salive déjà à l’idée d’engloutir une tablette de chocolat, bien recroquevillé dans mon fauteuil…
Je rigole bien effectivement. L’auteur a beaucoup d’humour et sait bien appuyer sur mes zygomatiques. Je tourne la vingtième page lorsqu’un bout de papier, plié en deux, tombe sur mes genoux. Il est un peu sale, grisâtre, comme bouffé aux mites. Je le déplie et je vois un magnifique dessin, le portrait d’une jeune femme, fait peut-être à l’encre de Chine. Et en dessous, ces mots griffonnés, façon pattes de mouche : C’était ma jolie sœur et c’est papa qui a dessiné. Puis, encore en dessous, écrit en plus petit et plus mal : Avant qu’il la tue. Personne le sait mais moi j’ai vu. J’en lâche le livre qui tombe sur ma tasse qui se renverse et se casse. Je cherche fébrilement un nom, une adresse, une indication pour en savoir davantage, je retourne le papier. Il n’y a rien de plus. Je viens d’apprendre un crime, comme ça, gratuitement, alors que je me bidonnais quelques secondes avant. Quand est-ce que ça s’est passé, où ça s’est passé, comment ça s’est passé, qui sont ces gens ? J’ai la nausée et le chocolat est innocent. Je me lève pour jeter les morceaux à la poubelle, je range dans le placard ce qui reste du chocolat et je referme le livre. Plus envie de continuer l’histoire du savant et son compagnon à quatre pattes. Le papier est serré dans ma paume. Je le relis à nouveau pour vérifier si je ne trouve toujours pas quelque chose, je regarde le joli dessin, elle a l’air heureux. Je déchire le papier jusqu’à ce que mes doigts ne puissent plus le faire et je reste quelques secondes, debout, au milieu de la pièce. Mon moment de bien-être vient de s’achever. Toute la soirée, je ne fais que me remémorer les mots et revoir le portrait. Je ne suis pas sûr, si je trouve à nouveau un papier dans un livre, de l’ouvrir…

Le plan

Challenge Écriture 2020 – #15 (22.04.2020)

Challenge d'écriture
Challenge d’écriture

Je vous propose d’écrire une lettre – destinée à être postée ou pas – et qui révèle un secret. Hâte de vous lire!

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En passant devant la table de la cuisine, Nadine voit une feuille pliée, entre les tasses de café et les miettes de brioche. Elle est un peu déchirée et tachée. Elle est curieuse et aimerait bien savoir ce que c’est mais elle se dit que ce ne serait pas bien de lire. Au même moment, la porte d’entrée s’ouvre et instinctivement, elle met le papier dans sa poche. Sa mère entre en trombe et s’arrête en voyant sa fille. L’adolescente et elle se regardent. Cette dernière est visiblement tourmentée. Elle devrait être au travail à cette heure-ci.
« Nadine, tu n’as rien vu sur la table ? »
« Quoi maman ? »
« J’ai laissé tomber un papier en cherchant mes clés tout à l’heure. Enfin, je crois. »
Nadine observe sa mère qui semble nerveuse.
« Non, j’ai rien vu. C’est important ? ».
Évasivement, elle lui répond : « C’est pour le travail… Bon, je repars, je suis déjà en retard. »
Et elle tourne les talons sans un regard.
Nadine plonge la main dans sa poche et froisse le bout de papier entre ses doigts. Puisque personne ne sait qu’elle l’a, elle pourrait jeter un œil et le dissimuler ensuite sous le réfrigérateur, ou le meuble de l’évier.
La maison est vide. Son petit frère est à la crèche depuis longtemps, son père l’a déposé en partant, lui aussi, travailler. Elle a encore deux heures devant elle avant le début du premier cours et le collège est tout près.
Après avoir jeté un regard par la fenêtre, elle se ressert un verre de jus de fruits et s’assied. Elle sort la feuille et la pose en face d’elle. Un peu honteuse de fouiner, elle la déplie et voit un dessin. Plutôt un plan et des mesures un peu partout. Un bâtiment avec plein de fenêtres, de portes, d’ouvertures diverses.
« C’est quoi ce truc ? Pour son travail ? Elle est sur un projet de construction ? ». C’est possible, sa mère est architecte. Elle aurait dû lui donner tout à l’heure, pourquoi l’a-t-elle caché, c’est idiot. Elle décide de l’appeler. Elle se lève pour aller chercher son portable et sa manche renverse le verre, à moitié plein, sur le papier.
« Merde ! ». Elle se précipite pour attraper une serviette et éponger au mieux le liquide et tout à coup, elle voit apparaître, par dessus les chiffres, sur les traits des portes et des fenêtres, des mots. L’écriture est plus claire mais lisible. Tout à fait lisible. Elle prend la lettre avec ses deux mains et l’approche de ses yeux pour bien voir les phrases :
« Je t’attendrai aussi longtemps qu’il faudra… Si tu voyais comme le Mexique est super… Je t’aime si fort… Mon frère est peut-être riche mais c’est moi le père… Je suis sûr que tu m’aimes toujours… Souviens-toi de tous nos moments passés… Tu ne peux pas l’aimer plus que moi… Nadine devra bien le savoir un jour… Tout le monde doit connaître ses vrais parents… Tu sais bien toi pourquoi je suis parti si loin… Hervé t’a épousé sans savoir… Ma fille me ressemble pourtant… »
Nadine ne pouvait plus lire. Elle tremblait tellement que les mots sautaient et elle n’arrivait plus à déchiffrer mais elle avait compris. Son père, Hervé, n’est pas son père. William, le frère d’Hervé n’est pas son oncle mais son père.
Douze ans. Douze ans qu’elle vit avec sa mère et son oncle.
Mais pourquoi sa mère était avec son oncle avant ? Enfin, son père ? Et pourquoi elle a épousé son père ? Enfin, son oncle ?
Dix fois, Nadine a relu les phrases pour être sûre d’avoir compris. Aucun doute, elle a même vu une signature : William.
Le ciel lui est tombé sur la tête.
Elle déchire le papier. Elle en fait des confettis. Elle met le tout dans la serviette en papier et jette dans la poubelle.
Elle doit d’abord réfléchir avant de décider.